La méningite correspond à une inflammation des méninges, ces membranes qui enveloppent notre cerveau et la moelle épinière. Il s'agit d'une maladie infectieuse. Potentiellement mortelle, elle doit être traitée en urgence.
À quoi est-elle due ?
Quels sont les symptômes qui doivent alerter ?
Comment peut-on attraper une méningite ?
Les microbes pénètrent en général par les voies respiratoires. Ils sont présents chez beaucoup d'entre nous dans le nez ou l'arrière-gorge sans provoquer pour autant des infections. Le méningocoque est ainsi présent dans 20% de la population générale.
Dans certaines conditions, ils vont cependant contaminer le sang puis pénétrer dans le liquide céphalo-rachidien, le liquide qui entoure notre cerveau et circule dans la moelle épinière.
Parfois, il peut y avoir à la suite d'un traumatisme crânien ou d'une intervention chirurgicale, une brèche entre l'extérieur et le cerveau.
On en fait le diagnostic en pratiquant une ponction lombaire. Pour cela , on introduit une aiguille entre la 4° et la 5° lombaire et on prélève un peu de ce liquide céphalo-rachidien. On peut ainsi déterminer le microbe responsable .
Quels sont les microbes responsables des méningites ?
Les virus
Les méningites sont heureusement le plus souvent causées par des virus, sans gravité. Les méningites virales concernent 70 à 80 % des méningites.
Les symptômes peuvent alors mimer une méningite bactérienne. Cependant, l'enfant est souvent moins "fatigué". Les examens médicaux , le bilan sanguin et souvent la ponction lombaire permettent d'écarter le diagnostic de méningite bactérienne.
La méningite guérie alors spontanément sans séquelles en quelques jours à 1 semaine.
Certains virus peuvent donner cependant des formes graves de méningite : le virus de l'herpès nécessite un traitement antiviral rapide pour limiter les séquelles.
De même, la rougeole et la varicelle peuvent donner des méningo-encéphalites.
Les bactéries
Les méningites bactériennes, ou méningites purulentes, touchent surtout les enfants de moins de 5 ans et représentent 20 à 25 % des cas de méningites. En France en 2007, 1 149 cas de méningites bactériennes étaient recensés. Elles sont mortelles dans 5 à 15% des cas en fonction de la bactérie, mais elles sont responsables également de séquelles fréquentes (30% en moyenne).
3 groupes principaux de bactéries peuvent donner des méningites :
Les Haemophilus
Heureusement, seul l'Haemophilus B est responsable de méningites. La méningite à Haemophilus touchait essentiellement les enfants de 3 mois à 5 ans.
Mais, depuis l'introduction de la vaccination Haemophilus B en 1992, le nombre de méningites à Haemophilus a considérablement diminué passant en France, de 18 pour 100 0001, soit environ 700 cas par an (11/100 000 pour les méningites) à quelques isolés bien souvent sur des enfants non vaccinés. L’Haemophilus est compris dans le vaccin hexavalent pratiqué à partir de 2 mois (HEXYON® ou INFANRIX HEXA®).
Les Pneumocoques
Les méningites à pneumocoques surviennent essentiellement pendant l'hiver. Le Pneumocoque est la bactérie la plus fréquente de 2 à 12 mois. Mais malheureusement, il existe une centaine de stéréotypes différents de pneumocoques. On ne peut vacciner contre tous ces pneumocoques.
Le vaccin PREVENAR 13® protège contre 13 pneumocoques. Ces pneumocoques sont responsables de la plupart des infections sévères à pneumocoques. Dans certaines situations, on vaccine également avec le PNEUMOVAX, qui est moins efficace sur ces 13 pneumocoques, mais à l'avantage d'offrir une protection pour 10 sérotypes supplémentaires5.
Les Méningocoques
Après 12 mois , c'est le méningocoque qui est le plus souvent responsable de méningites bactériennes, dans environ 60% des cas.
Le méningocoque peut être présent dans le nez et l'arrière-gorge sans provoquer de maladie. On peut ainsi le transmettre par la salive, la toux ...
Dans certains cas, il va se propager dans la circulation sanguine puis les méninges. Il s'agite d'une maladie rare en France, mais qui peut être fatale dans 15% des cas. La méningite à méningocoque touche essentiellement les enfants et les adolescents et survient, en général, du début de l'hiver au printemps.
5 sortes de Méningocoques appelées "sérogroupes A,B,C, W et Y"causent la majorité des infections à Méningocoque.
En Europe, ce sont surtout les méningocoques B et C qui sont responsables des méningites. En France, environ 2/3 sont liées au Méningocoque B, suivi du C (environ 1/3) puis du groupe W (avec parfois de petites épidémies locales) et du Y4.
Pour cette raison, le vaccin contre la méningite à Méningocoque C (MENINVACT® ou NEISVAC®) est préconisé et maintenant même obligatoire pour tous les enfants nés à partir du 1er janvier 2018. Il peut se faire dès le 5° mois (NEISVAC®) et à 12 mois (jusqu'à 24 ans).
La vaccination contre le méningocoque B est recommandée chez certains enfants plus fragiles. Elle peut être proposée à partir du 3° mois chez les enfants sans facteurs de risque, selon un nouveau schéma, depuis 2018, à 3 , 5 et 15-16 mois.
En cas de voyage, en particulier en Afrique, il peut être recommandé de vacciner également contre d'autres méningocoques comme le W (ou W135).
Les autres germes
D'autres germes peuvent être responsables de méningites chez l'enfant mais ils sont beaucoup moins fréquents. Chez le nourrisson, on se méfiera également de la Listéria.
Le vaccin BCG protège efficacement contre la méningite tuberculeuse, heureusement rarissime en France. Il faut, par contre, vacciner tous les enfants qui peuvent être amenés à séjourner plus d'un mois dans des régions géographiques à risque (voir l'article : Les vaccins pour bébé ).
Les parasites et mycoses
Les parasites et les champignons responsables d'infections peuvent également provoquer des méningites. Il faut cependant souvent une maladie sous-jacente qui provoque une immunodépression pour développer des méningites dans ce cas.
Quels sont les symptômes qui doivent faire évoquer une méningite ?
Les méningites sont des urgences médicales.
Tout enfant qui a de la fièvre, qui parait fatigué/grognon et qui est nauséeux ou vomi doit être vu rapidement par son médecin afin d’éliminer une méningite.
D’autres symptômes comme des boutons rouges ou pétéchies, des maux de tête, un enfant qui ne supporte pas la lumière (photophobie), une nuque raide et douloureuse à la flexion, ou un bombement de la fontanelle chez le nourrisson, un enfant qui semble très douloureux et se couche recroquevillé, un enfant qui semble tout mou (hypotonie), qui somnole de façon inhabituelle ou au contraire a des périodes d'agitation insolite sont très évocateurs. Plus l’enfant est jeune, plus le diagnostic est difficile.
Le TEST DU VERRE : si vous voyez apparaître des taches rouges sur la peau, pressez un verre de table transparent contre la tache. Si la rougeur ne disparaît pas là ou vous pressez, il peut s'agir d'un "purpura". Appelez immédiatement le 15.
La méningite peut également provoquer des convulsions, des troubles de la conscience et des paralysies (voir l'article : Que faire en cas de crise convulsive)
Quels sont les signes de gravité des méningites ?
L'apparition de taches rouges sous la peau (purpura hémorragique) s'étendant progressivement et une signe de gravité et impose de débuter les antibiotiques le plus rapidement possible. De même des troubles de la conscience ou des troubles neurologiques comme des convulsions, imposent d'appeler le SAMU, 15 depuis un portable ou fixe. Prévenez bien le SAMU de ces troubles afin qu'un médecin arrive le plus rapidement possible.
Rappelons toute foi que toute suspicion de méningite doit conduire à un avis médical urgent.
Le traitement des méningites
Les méningites virales
Le traitement repose avant tout sur le repos, une bonne hydratation, et la prise en charge de la douleur.
Les méningites bactériennes
Par contre, un traitement antibiotique par perfusion doit être débuté le plus rapidement possible pour les méningites bactériennes.
On pratique en général avant une ponction lombaire afin d'identifier le germe en cause.
Mais, parfois, en cas de purpura extensif (QS plus haut) en particulier, on est même amené à faire une injection d'antibiotique dès le diagnostic posé, pour éviter au maximum les complications.
Quelles sont les complications des méningites bactériennes ?
La mortalité n'est malheureusement pas négligeable, pour les méningites bactériennes, de 5 à 15 % en fonction du germe. Mais passé ce risque, il y a encore des risques de séquelles neurologiques diverses.
Les complications précoces sont: les crises convulsives répétées, un choc avec une baisse de tension et malaise.
Il peut se former également des abcès cérébraux (des poches de pus) ou des épanchements.
La méningite peut gêner l'écoulement du liquide céphalo-rachidien et provoquer une hydrocéphalie.
Tardivement, on peut également avoir des microcéphalies (petite tête), des atteintes de la motricité, des convulsions persistantes, un retard mental, des amputations , des problèmes rénaux et une surdité ...
Pour cette raison, on surveille l'audition au décours d'une méningite bactérienne.
Comment se protéger contre les méningites ?
La vaccination contre les méningites
La vaccination représente la meilleure prévention contre les méningites bactériennes. Depuis la recommandation de la vaccination contre l'Haemophilus B, les pneumocoques et le méningocoque C, le nombre de méningites a fortement diminué. Toute fois la vaccination ne peut offrir de protection contre toutes les souches de bactéries susceptibles de causer une méningite.
Comment prévenir en cas de contact avec une personne ayant une méningite
Seules les méningites bactériennes nécessitent un traitement préventif.
En cas de méningite dans une collectivité, crèche, école, campus ou parfois boite de nuit (!), si le germe identifié fait partie d'un des vaccins disponibles, on recommande de vacciner tout l'entourage proche au plus vite. Les personnes susceptibles d'avoir eu un contact proche (moins d'un mètre) et prolongé dans les 10 jours précédant l'hospitalisation sont concernées.
Il peut y avoir des cas groupés de méningite à méningocoque W. Dans ce cas, on va utiliser le vaccin contenant cette souche pour vacciner toute la population à risque comme il n'est pas habituellement recommandé en France.
En attendant de savoir de quel germe il s'agit et en cas de bactérie non présente dans un vaccin ou non identifiée, on peut donner un traitement antibiotique pendant quelques jours aux personnes qui ont été en contact proche avec la personne atteinte.
Les mesures préventives autres
Pensez à bien vous laver les mains, surtout après vous être mouché ou avant les repas.
Ne partagez pas les aliments, boissons, brosses à dents, cigarettes, rouge à lèvres ...
Lavez les surfaces communes quotidiennement avec une solution d'eau de javel (diluée à 10 %). Ceci doit bien sûr être également appliqué dans les collectivités.
Sources :
- Guide des vaccinations, Édition 2012, INPES [consulté le 21 février 2017]
- Klein-Zabban M.-L., Les méningites du nourrisson et de l'enfant, Métiers de la petite enfance, 2010, vol. 16, N°165, p22-24.
- Mervel P., Les méningites, L'aide soignante, 2013, vol. 27, N° 146, p 21-22.
- Bourillon A., Bingen E., Méningites du nourrisson et de l'enfant, 2013, EMC Pédiatrie Maladie Infectieuse, 4-210-B-10.
- Le pneumocoque. Mesvaccins.net [consulté le 8 mars 2018]
Auteur :
Dr Emmanuelle RONDELEUX
Pédiatre, Allergologue, Homéopathe
Date de publication : 9 mars 2018
Dernière révision de l'article : 1 mai 2024
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